Sous l'effet des transitions numériques, écologiques et post-covid, les villes sont témoins depuis quelques années de l'apparition de nouveaux usages : essor de la micro-mobilité, transformation de la logistique urbaine, privatisation de l’espace public… Ces mutations offrent de nouvelles possibilités pour leurs habitants qui ont accès à plus de services et d'activités. Toutefois, un enjeu de taille persiste : comment les villes peuvent-elles réguler et bénéficier des retombées économiques de ces nouveaux usages ?
Pour cette septième interview vidéo de la série La Rue Commune, Céline Crestin, Directrice de la stratégie et du développement responsable chez Paris La Défense et Isabelle Baraud-Serfaty, Economiste urbaine et fondatrice de IBICITY ont pu partager leurs réflexions sur les nouveaux modèles économiques de nos rues et villes.
La transition numérique a permis la création de nouveaux usages, portés par des opérateurs comme les plateformes de micro-mobilité et les opérateurs de logistique. Cependant, il y a certains lieux communs à éviter. Par exemple, l'essor des trottinettes électriques en libre service n'est pas juste un effet d'engouement mais bien le résultat d'un modèle économique qui fait que les opérateurs ont intérêt à inonder le marché. La massification des smartphones participe également à ce phénomène.
La transition écologique a également des effets importants sur nos rues et en particulier les trottoirs. De plus en plus, nous constatons l'apparition de bornes rafraichissantes, de bornes d'apport volontaire de déchets et des plateformes de micro-compostage urbain. Ces nouveautés répondent aussi à l'apparition de nouveaux acteurs issus de l'économie sociale et solidaire (ESS) ou des opérateurs de déchets.
Ce qui est intéressant c’est que tout un tas d’acteurs ont besoin du trottoir ou de la bande de stationnement pour pouvoir exercer leur activité.
Isabelle Baraud-Serfaty
"Il faut considérer la rue dans ses trois dimensions", affirme Isabelle Baraud-Serfaty. La rue a une couche physique (trottoir, stationnement) et constitue une ressource clé pour les opérateurs. La rue a une couche informationnelle avec des opérateurs tel que Google Maps qui vendent l'information sur l'espace public. Enfin, la rue a une couche servicielle avec la présence de services en lien avec les déchets ou l'ESS (compostage urbain).
Ces nouveaux usages produisent des externalités positives comme négatives. Dès lors, une question se pose pour les collectivités : la contribution financière d'acteurs qui utilisent l'espace public pour leurs activités. A ce sujet, il est facile de faire payer des opérateurs privés pour des occupations temporaires ou des manifestations à La Défense par exemple, affirme Céline Crestin. Mais quid des opérateurs de livraison instantanée ? Dans certains cas, il est plus difficile de facturer l'utilisation de l'espace public.
La transition numérique démultiplie les usages pour les habitants mais nous ne devons pas mettre de côté les enjeux écologiques.
Le numérique doit être mis au service de la transition écologique.
Isabelle Baraud-Serfaty